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Pour un secteur extractif plus ouvert aux femmes

Il n’est un secret pour personne que le secteur extractif est dominé par les hommes. Les faits indiquent clairement que, bien que les avantages que procurent les projets du secteur extractif reviennent principalement aux hommes, ce sont les femmes qui portent une part disproportionnée de ses effets négatifs sur le plan social, économique et environnemental. La semaine dernière, l’ITIE a convenu de réviser sa Norme afin qu’y soient incluses des dispositions plus favorables à l’égalité entre les sexes.

Pour la Journée internationale des femmes, nous mettons l’accent sur les voix des femmes dans la célébration de celles qui œuvrent en faveur du renforcement de la gouvernance dans le secteur extractif. Nous nous sommes entretenus avec S.E. Zainab Shamsuna Ahmed, ministre des Finances du gouvernement du Nigeria qui nous communique ses points de vue sur la façon de promouvoir la participation des femmes dans les activités extractives.

À votre avis, quels sont les principaux défis que doivent affronter les femmes dans le secteur extractif ?

Zainab Ahmed: Dominé depuis toujours par les hommes, le secteur extractif a été particulièrement sujet à des préjugés sexistes et à une discrimination systématique qui ont pénalisé les femmes tout le long de sa chaîne de valeur. Les femmes sont sous-représentées à tous les niveaux, en particulier dans le rôle des dirigeantes à l’échelle nationale et internationale. Par conséquent, leurs points de vue et leurs intérêts ne sont pas pris en considération dans le développement du secteur, et elles sont moins susceptibles d’en bénéficier sur le plan économique. Par ailleurs, le nombre de femmes et de filles possédant la formation et l’expérience professionnelle requises pour devenir actives dans le secteur est insuffisant. Dans le cadre de projets, les femmes ne sont souvent pas consultées par les gouvernements et les entreprises au cours des discussions avec des représentants de leur communauté, en partie en raison des obstacles structurels qui se présentent, tel que le manque d’informations.
Ces défis sont amplifiés par le manque général de politiques et de cadres de réglementation qui seraient capables d’identifier et de protéger les droits des femmes ainsi qu’à assurer leur représentation équitable à travers tout le secteur et un accès égal à celui-ci. Le manque de données crédibles et facilement disponibles – en particulier des données désagrégées – signifie que les gouvernements, les entreprises et d’autres parties prenantes sont limités dans leur capacité à prendre des décisions éclairées et à élaborer des politiques, des programmes et des budgets favorables à l’égalité entre les sexes pour lutter contre les inégalités.

Comment le soutien apporté par des femmes dans le secteur extractif peut-il bénéficier à celui-ci dans son ensemble ?

Zainab Ahmed:

En donnant des moyens aux femmes et en garantissant leur pleine participation dans des fonctions de direction et de prise de décisions, nous pouvons assurer (1) une transparence et une responsabilisation accrues à tous les niveaux ; (2) des partenariats plus inclusifs au niveau communautaire, ce qui offre une meilleure protection aux plus vulnérables ; et (3) une considération accrue à la lutte contre l’impact des activités concernées sur l’environnement. Un secteur extractif qui favorise l’égalité des sexes et qui se veut équilibré et inclusif peut garantir l’autonomisation économique des femmes et aboutir au renforcement global des systèmes économiques. Selon la Banque mondiale, les entreprises extractives dont les postes de direction sont occupés par des femmes constatent que leurs bénéfices augmentent de 5 à 20 % et que leur gouvernance et leur transparence corporatives se raffermissent.
Le soutien des femmes dans le secteur extractif peut conduire à des résultats économiques, sociaux et environnementaux durables améliorés et nous rapprocher tous des objectifs de développement durable (ODD) de l’ONU. 

Quelles mesures doivent être prises pour rendre le secteur extractif plus inclusif des femmes ?

Zainab Ahmed: Les éléments dont on dispose montrent que des politiques neutres en matière de genre sont souvent appliquées d’une manière qui exclut les parties prenantes féminines et d’autres communautés vulnérables et les privent de leurs droits. Les gouvernements doivent élaborer des politiques, des cadres réglementaires et des programmes qui favorisent les femmes, afin que soient éliminés les obstacles socio-économiques et culturels qui les empêchent de participer pleinement aux activités du secteur extractif et de bénéficier aux avantages qu’il offre sur le plan économique. Les femmes doivent pouvoir participer pleinement au processus de prise de décisions dans le secteur de manière générale, ainsi que contribuer plus précisément à l’élaboration de stratégies qui promeuvent leur intégration. Elles doivent également obtenir un soutien et disposer des outils avec lesquels participer, et les points de vue des femmes doivent être pris en considération aux niveaux des projets et des communautés.
Il est également important que soient élaborés des programmes qui encouragent les femmes et les filles à se livrer à des études dans le domaine du génie et dans d’autres domaines relatifs aux industries extractives, accompagnées des mentorats et du soutien nécessaires leur permettant d’avancer dans le domaine. Les entreprises doivent également assumer leurs responsabilités à cette fin en élaborant des stratégies et des programmes qui visent à recruter des femmes, à les promouvoir dans leur carrière et à les fidéliser. Enfin, il est important de promouvoir le rôle des petites et moyennes entreprises appartenant à des femmes au sein du secteur extractif, tant dans le cadre de structures de financement inclusives que dans celui de l’accès amélioré à l’information, ainsi que de possibilités pouvant se présenter le long de sa chaîne de valeur.


Comment la divulgation des données peut-elle contribuer à améliorer l’inclusion des femmes ? 

Zainab Ahmed: La divulgation des données est essentielle pour améliorer l’inclusion des femmes, car elle fournit aux gouvernements, aux entreprises et aux autres parties prenantes les informations dont ils ont besoin pour identifier les domaines où les femmes sont sous-représentées ou marginalisées de manière disproportionnée, afin qu’ils puissent intervenir et appliquer les mesures nécessaires. Elle assure également le respect de la transparence et la responsabilité, et elle permet aux citoyens de s’impliquer dans des questions qui pénalisent l’inclusion des femmes et d’autres communautés vulnérables. Par exemple, obliger les entreprises à divulguer des statistiques sur l’emploi, ventilées par sexe, permettrait d’adopter des pratiques plus inclusives en matière d’embauche.
Comme nous considérons que la divulgation des données est importante, nous devons également veiller à ce que les femmes aient les mêmes possibilités d’accéder aux données, et que les données soient ventilées selon les sexes, dans la mesure du possible. Cela garantira une transparence accrue et une meilleure redevabilité, conformément aux principes de l’ITIE.

S.E. Zainab Ahmed s'exprimant à la Conférence mondiale de l'ITIE en 2016.

 



 

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