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La transparence pour avancer, pas reculer.

Clare Short, présidente du Conseil d'administration de l'ITIE, a déclaré en réponse à des commentaires de Paul Collier :

Je suis vraiment désolée de constater que Paul Collier, qui est un ami de longue date, semble avoir perdu la tête ! Suggère-t-il réellement que la transparence en matière de bénéfices pétroliers et miniers est à l'origine de l'impossibilité d'accumuler des actifs pendant la hausse des cours des produits de base ? Si on suit sa logique, alors pourquoi ne pas carrément appeler à l'abolition de la démocratie ?

M. Paul Collier a expliqué hier devant une éminente assemblée à Oxford que

nous avons mal diagnostiqué le problème. Nous pensions que c'était une question de transparence et de responsabilité. Mais apparemment pas. L'ITIE se serait trompée de cible. J'ai apporté ma modeste contribution à la promotion de l'ITIE...à le croire, j'ai aggravé les choses car le vrai message serait 'les membres des gouvernements sont tous des pourris'.

Voilà qui crée une « explosion d'attentes » puisque les électeurs se rendraient compte qu'ils ne profitent pas pleinement de leurs ressources naturelles, leur gouvernement les dépensant en « projets bling-bling  ostentatoires ».

En résultent des salaires plus élevés, des dépenses publiques et une dette plus importantes - exactement le contraire de l'approche d'accumulation d'actifs que les pays riches en ressources naturelles comme le Botswana et la Norvège ont adopté avec succès pendant les périodes de boom.

L'institution clé pour le futur n'est pas l'ITIE...le problème était l'impossibilité d'accumuler des actifs. «

C'est donc principalement une question d'accumulation d'actifs. Nous qui pensions que le problème était la transparence. L'ITIE se serait trompée de cible. En fait, l'ITIE ferait même empirer les choses. »

Jonas Moberg, directeur du Secrétariat international de l'ITIE a ajouté que devant pareils propos mal avisés, il était réconfortant d'entendre la désapprobation générale des orateurs. Il a poursuivi :

  1. La transparence est le bon point de départ, même s'il ne faut pas en rester là. 
    Si Paul veut dire que la transparence ne suffit pas, nous sommes d'accord. Le gouvernement péruvien et l'ITIE viennent de terminer une conférence régionale à Lima sur le thème de « La transparence, et après ? ».  L'ITIE n'est pas juste une question de transparence.  l'ITIE concerne aussi l'utilisation de données et des forums ITIE pour identifier des réformes, améliorer la gestion des actifs et autrement améliorer la gouvernance, afin de mieux tenir les gouvernements responsables.  Les voitures bling-bling ne sont pas une conséquence de la transparence, pas plus que les dépenses militaires seraient une conséquence de la démocratie.
  2. ITIE concerne plus largement la création de valeur.
    Elle se focalise sur la distribution de licences, sur les questions fiscales et légales, sur la production, sur le partage de la propriété et sur la vente des parts gouvernementales des actifs et matières premières. Si vous n'avez pas d'informations sur ces aspects et sur la bonne gouvernance, vous ne risquez pas d'accumuler des actifs significatifs. Les propres recherches du NRGI montrent par exemple que les fonds souverains de pays avec une mauvaise gouvernance présentent un taux d'échec très élevé.  
  3. L'ITIE seule ne résoudra pas tous les problèmes associés à la gouvernance des ressources naturelles et n'apportera pas le développement partout.
    De nombreux efforts sont bien sûr nécessaires. Des conseils en matière d'accumulation d'actifs sont aussi les bienvenus en complément, pas en remplacement.  Comme Edmund Burke l'a dit : »Personne ne fait plus grande erreur que celui qui ne fait rien parce qu'il ne peut faire beaucoup. »
  4. Il serait mal avisé de conclure que dans des pays tels que la  République démocratique du Congo, le Nigéria, les Philippines ou les États-Unis il faut choisir entre la transparence ou l'accumulation d'actifs. C'est clairement les deux. 

L'ITIE est donc une plateforme importante pour relever le défi soulevé par Paul Collier.  

Chose plus importante, l'ITIE affiche des résultats.

  • Les 52 membres du personnel de l'ITIE au Nigéria se sont appuyés sur leur processus et leurs audits de production pour mettre au point des recommandations détaillées à travers les entités gouvernementales, dont l'entreprise pétrolière nationale NNPC, et la surveillance des dépenses pétrolières au niveau de l'état. Le vice-président Osinbajo a expliqué clairement la semaine dernière que ces informations apportent une valeur importante et qu'ils étaient déterminés à implémenter ces recommandations. Cela transformerait le secteur.
  • En RDC, la commission nationale de l'ITIE a fait beaucoup pour apporter de la transparence aux arrangements opaques derrière ledit ‘Accord chinois’ qui était un accord de troc pour la vente d'actifs d'une des entreprises publiques.
  • Aux Philippines, l'ITIE met à disposition un site avec les contrats, cadastres et infographies sur le secteur. Le tableau de bord des contrats de l'ITIE  reprend actuellement environ 40 contrats miniers, gaziers et pétroliers ; des informations détaillées sur les terres ancestrales ; et un examen détaillé des protocoles d'accord actuels.
  • En Birmanie, l'ITIE est devenue une composante essentielle des efforts en matière de réforme du gouvernement. La commission nationale de l'ITIE a donné aux représentants de la société civile des opportunités rares d'impliquer le gouvernement et de discuter des inquiétudes environnementales. Le gouvernement a utilisé l'ITIE pour mener des consultations sur des problèmes tels que l'éventuelle création d'un fonds souverain. Espérons que le désir de changement se poursuive après les élections.

Vous trouverez plus de faits sur les pays dans notre dernier Rapport de Suivi

L'ITIE n'est évidemment pas parfaite et est confrontée à de nombreux défis. Un des problèmes à améliorer est que le terme « conforme » donne l'impression que le travail est terminé ; le système d'assurance qualité de l'ITIE ne reconnaît pas de façon adéquate les progrès et innovations ; et certains pays membres ne donnent pas à la société civile la place dont elle a besoin.

Les réformes et les progrès prennent du temps et ne peuvent réussir que si soutenus de l'intérieur. À travers le monde, dans des pays tels que la République démocratique du Congo, le Ghana, la Guinée et le Nigéria en Afrique, la Colombie et le Pérou en Amérique latine et la Birmanie et les Philippines en Asie, les progrès et les innovations sont possibles grâce à l'utilisation de l'ITIE comme plateforme. Nous sommes fiers de ce que l'ITIE a accompli. Et pourtant le travail ne fait que commencer. Les personnes qui s'engagent à apporter des réformes ont besoin de notre aide, pas de nos critiques.